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Rencontre avec Réjane Lhote, artiste visuelle

Rencontre avec Réjane Lhote, artiste visuelle

Vous en quelques mots (nationalité, medium de travail, …)?

Je vis et travaille à Paris.
Française, j’ai vécu une partie de ma pré-adolescence aux États-Unis. Là-bas, j’y développe un intérêt pour l’espace vécu et ressenti, la perception et l’usage que l’on fait de l’espace. Cette expérience à l’étranger imprègne indéniablement mon travail où la problématique spatiale et contextuelle est primordiale.
Ma pratique s’articule autour du dessin interrogeant l’espace et le déplacement au sein de celui-ci, à la fois sur des supports planes et sous la forme d’installations. Mes séries de dessins traduisent une sensation ressentie face à un espace – paysage, architecture, pièce, objet.


Votre singularité artistique : quels sont les thèmes majeurs que vous explorez dans votre travail?

Je m’intéresse à la charge émotionnelle d’un lieu, je ne cherche pas ce qui est de l’ordre du spectaculaire mais plutôt le rendez-vous, ce qui est de l’intime, de la rencontre. Mes dessins transforment des sensations architecturales en situations sensibles.
Par le dessin, je sors de son contexte un objet, je mets en lumière un espace, un parcours, je prends le temps de le regarder sous différents angles, puis je le ré-agence et crée un nouvel espace. La série, le multiple, la variation est un élément important dans mon travail, cela me permet d’ouvrir et recomposer l’espace architectural.

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Déploiement, La Borne – POCTB – http://www.poctb.fr/spip.php?article278


Votre rencontre avec l’art : comment vous vous êtes intéressée à votre medium?

Depuis toute petite, je dessine. Aux Etats-Unis, j’ai d’autant pu développer cet attrait pour les pratiques artistiques. C’est à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris que le dessin est devenu une évidence pour moi. En effet, le temps du dessin me permet de regarder ce qui m’entoure, de m’approprier des espaces dont je choisis le point de vue, le cadrage. Il est ce qui me permet de distinguer, de simplifier, de révéler, de séparer ce qui est là. Le dessin est un moyen d’ordonner la confusion ambiante et de révéler l’essentiel.


Quelles techniques utilisez-vous?

Du travail d’atelier à celui in-situ ou encore en déplacement, mon travail approche différents médiums et techniques, toutefois le dessin est toujours le médium central.
En résidence et en voyage, la présence de carnets – classiques ou leporello – s’est affirmée. Carnets de bord ou carnets nourris par des contraintes de temps – ex : un dessin par jour, de lieux – ex : Inde, d’outils ex : Trois couleurs de feutres & graphite, ce sont des supports incubateurs, qui maintiennent en mouvement constant.Ces carnets sont souvent le point de départ d’un travail plus ambitieux d’atelier. De retour à l’atelier, à partir d’un dessin clé d’un carnet, une série se développe et s’articule sur plusieurs formats. Un format pense, répond, discute avec l’autre format de la série. Cela devient des diptyques, triptyques, polyptyques, l’un n’existe pas sans l’autre.
Invitée pour un travail in-situ, j’investis l’ensemble du volume afin de rejouer les perspectives, mieux répartir les tensions, rediriger les circulations, recréer des rythmes architecturaux tout en travaillant avec l’existant. Le dessin devient alors mural, directement sur le mur, il s’en détache et devient volume avec des papiers en suspension, des céramiques, des encadrements de portes.
Je travaille le multiple également dans un travail plus récent de sérigraphie.

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Vous avez la possibilité d’inviter 2 artistes à dîner à la maison. Vous partagez votre table avec qui?

Il y a beaucoup de monde avec qui j’aimerai discuter, refaire le monde, parler de notre engagement dans les arts et la culture, notre nécessité à partager et échanger sur notre vision du monde avec nos contemporains, s’interroger sur ce premier geste créatif et créateur.
Je serai ravie d’avoir à dîner à la maison,
– dans les vivants : David Hockney (c’est d’actualité) Etel Adnan, Julie Mehretu, Richard Serra…
– dans les morts : Sol LeWitt, Cy Twombly, Mark Rothko, Louise Bourgeois mais aussi Picasso, Matisse…
Heureusement, avec mes amis artistes ou pas, on en discute ! 🙂

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