Comment en êtes-vous venu au graphisme ?
Je n’ai rien contre l’administration des Postes, les P.T.T. à l’époque. Dans les années 1970 sur concours, c’était mon avenir. Je suis né en Vendée. J’ai été nommé à Paris. Ce sont les rencontres parisiennes. L’effervescence et la richesse artistique de la ville qui m’ont conduit à l’exercice du graphisme. J’ai traversé ma scolarité avec des premiers prix de dessins devenus annuels. Le besoin de création et d’images remontent à très loin. Les murs de Paris offraient ses publicités. Je me suis persuadé d’en faire mon métier. Quelques cours du soir à l’école des arts appliqués Duperré plus tard, et me voilà en possession d’un dossier de graphiste / maquettiste.
Un tout premier rendez-vous au studio de création publicitaire Dufayel des Galeries Lafayette de Paris, et me voilà dans le métier. Il serait sans doute trop long de faire l’historique de ce grand studio. Il a été ma chance. Les talents créatifs de l’époque étaient là, à demeure. Les meilleurs illustrateurs et photographes du moment y collaboraient. Certains de ces artistes sont aujourd’hui encore des stars nationales et internationales. Les budgets de création étaient très conséquents. Ce fut ma chance. Ce fut ma véritable école.
Vos oeuvres sont-elles liées à des événements récents ?
Aucune de mes œuvres n’est liée à quelque évènement que ce soit. Elles sont le fruit de recherches intemporelles.
Pouvez-vous nous en dire un peu sur la série « Acryliques sur toile » ?
C’est en 2010 qu’est née ma première acrylique sur toile. Sans la moindre hésitation, j’ai choisi un grand format 133 x 144 cm. Je l’ai appelé » Jour de fête » en hommage à Jacques Tati. Une nouvelle révélation. Elle fut ma première toile exposée. Elle fut ma première toile vendue.
Mémoire, Joël Chasseriau © Adagp 2012
A cette date, et depuis quelques années, je m’ intéressais de très près à l’art vivant. Il s’agissait de me libérer de l’art appliqué. Qui est un art au service de commandes. Contrairement à celui de l’art contemporain, qui est celui de la création sans contrainte créative. Il m’a fallu des mois et des mois de recherches personnelles pour aboutir à cette première toile. Beaucoup d’esquisses, beaucoup de maquettes y ont été consacrées.
Lancement, Joël Chasseriau © Adagp 2015
Que faire de la liberté ? Que faire de moi dans ces nouveaux espaces ? J’ai choisi l’acrylique qui est une merveilleuse peinture. Je l’ai de suite adopté.
Voile et vent, Joël Chasseriau © Adagp 2014
Pouvez-vous nous en dire un peu sur « Parcours I » ?
Parcours 1, Joël Chasseriau © Adagp 2017
Tout est dans le titre.
Après ma série d’ Acryliques sur toile. Me voilà à nouveau en proie à la nouveauté. J’ai eu envie de volumes, ce qui m’a conduit à mes premières sculptures que j’ai appelé mes » Élancés « . C’est pour leurs réalisations que j’ai commencé à utiliser des barres métalliques. Je continue à les utiliser pour mes » Parcours « .
Parcours 2, Joël Chasseriau © Adagp 2017
Après ce travail de sculptures, le besoin de bas relief m’est venu. Abstractions géométriques sur toile, abstractions géométriques en volume, désormais abstractions géométriques en bas reliefs dits » Parcours « . C’est pour moi toute une logique. Commencé en 2017, c’est la naissance d’un nouvel univers .
Parcours 3, Joël Chasseriau © Adagp 2017
Je retrouve dans ces créations, mes réflexes de graphiste, de plasticien, mais également de graveur en aquagravure qui est une technique faisant appelle au relief. C’est le mariage de diverses maîtrises. Ce sont aussi pour moi des images du » Parcours » de ma vie. Je consacre en ce moment beaucoup de temps à cette ligne.
Qu’est-ce que vous pensez de la connexion de l’art et du numérique?
L’homme numérique de Nicholas Negroponte, un livre de 1995, une bombe à cette époque.
1992, c’est à la fois la guerre du Golfe, et l’ émergence de l’outil numérique dans l’univers des arts appliqués. C’est l’année d’un grand virage qui s’amorce pour moi et pour tant d’autres. Sans crier pouce, je dois de toute urgence passer des pratiques de la chaîne graphique du milieu du 20 ème siècle à celles du 21 ème en quelques mois. Nouvel outil, nouvelle pratique, nouveaux modèles. C’est aujourd’hui en partie grâce à l’outil numérique que j’élabore mes esquisses, mes maquettes. Que dire de mieux, sinon que mon travail ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans ce nouvel outil. Car il s’agit bien là d’un nouvel outil. Non, ce dernier ne remplace pas tous les autres. Il s’y ajoute. C’est tout. Nous le savons désormais. C’est une révolution dont les limites nous sont encore inconnues. C’est là, la différence essentielle. Comme toutes les révolutions, elle s’impose d’elle même. Tous les artistes ne vont pas travailler avec le numérique et ce n’est surtout pas nécessaire. Mais certains s’en serviront et c’est bien normal. Il me faut dire un mot sur les développements numériques que sont les sites de ventes d’œuvres en lignes. Certains d’entre eux comme Singulart, avec leurs performances technologiques et leurs design graphiques très élaborés forcent le respect. Nous espérons tous que le public sera au rendez-vous derrière les écrans. Toutefois, les lieux physiques de rencontres doivent impérativement continuer à exister. Car combien il est important de se pencher sur les traces subtiles des gestes de l’artiste. Mais aussi d’occuper les espaces afin d’en concevoir des ambiances loin des écrans lumineux.
Découvrez Joël Chasseriau sur Singulart :www.singulart.com/fr/artiste/joël-chasseriau