Qu’appréciez-vous particulièrement dans votre travail ?
En premier lieu, la liberté du processus créatif. L’impression de pouvoir agir sans règles ou, plus précisément, d’avoir le luxe de s’inventer ses propres règles pour agir, indépendamment de celles qui régissent le monde extérieur. Puis le dépassement, la surprise que l’on se fait à soi-même dans l’aboutissement de certains tableaux. Enfin, la relation physique entre la matière travaillée, le corps et l’espace de l’atelier; une chorégraphie éphémère.
PARIS 23 © CHRISTIAN GASTALDI
Où trouvez-vous votre inspiration?
Je travaille à partir de matériaux de récupération, d’éléments qui ont une histoire, un contenu graphique. C’est d’eux que nait mon inspiration. Je la décline ensuite de manières variées, au gré de choix esthétiques ou conceptuels que je fais. Dans mon cas, c’est généralement un questionnement des notions de rythme et d’équilibre, voire d’harmonies chromatiques. Je les recherche à travers des déséquilibres volontaires que je crée et cherche ensuite à rattraper. C’est en quelque sorte la quête de l’équivalent graphique de ce qu’est le style pour un écrivain.
PARIS 44 © CHRISTIAN GASTALDI
Lorsque vous travaillez sur un nouveau projet, par quoi commencez-vous ?
S’il s’agit d’une commande pour un endroit spécifique, c’est en général le lieu qui détermine la réflexion initiale. Sinon, c’est la nature du matériau que je récupère – son contenu, sa palette chromatique – qui m’oriente. Puis cela passe au filtre de mes envies du moment, des défis que je m’impose. En général je fais des esquisses au sol avant de les fixer sur la toile. Sauf pour de purs travaux sur le rythme où je privilégie, à l’occasion, le saut dans l’inconnu, guidé juste par une intention initiale.
Pouvez-vous nous en dire un peu sur la série « Paris »?
Cette série a débuté avec la commande du Méridien Jazz Club de Paris de trois tableaux. Pour y répondre, j’ai cherché un lieu d’affichage sauvage parisien où récupérer des affiches abîmées, en lien avec l’activité sociale de la ville. Je l’ai trouvé Porte de la Villette.
Porte de la Vilette et le lieu d’inspiration
Depuis le travail continue sous le label PARIS. Mes séries se déclinent en effet autour du lieu de collecte et des caractéristiques, sociale et humaine, que le matériau a capturé. L’ancrage spatial et humain est pour moi important.
Oeuvre pour le Méridien Jazz Club de Paris
Vous avez une baguette magique et pouvez convier 2 artistes à votre table ce soir, qui seraient-ils?
J’aurai envie de discuter Matières et Relation physique du corps avec celles-ci lors du geste de création. J’aurai envie d’en discuter avec des gens pour qui l’art est une activité modeste (mais dont l’objectif est ambitieux) et profondément humaine. J’inviterai Pierre Riba, dont le travail du carton est d’une élégance dépouillée sublime, et Ousmane Sow pour l’intensité du regard et la granularité des corps de ses grands guerriers Nuba.
PARIS 40 © CHRISTIAN GASTALDI
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