Artistes

Rencontre avec Emilie Teillaud

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

39 ans, artiste autodidacte instinctive, maman de deux garçons !

Comment en êtes-vous arrivée à faire de la peinture ?

Découvrir que je savais peindre a été vraiment une surprise.

Petite, l’école ne me passionnait absolument pas, rester assise sur une chaise, suivre un rythme identique chaque semaine…. Je
rêvais beaucoup en classe mais j’étais plutôt une cancre joyeuse, je faisais en sorte de passer de justesse, de faire rire en classe, et d’être un poil rebelle quand-même. J’entendais souvent, « je ne sais pas trop ce qu’on pourrait faire d’elle ». Je dessinais pour m’évader , pour m’apaiser, pour trouver le temps moins long. J’ai peu de souvenirs de mon enfance, mais je me souviens de mes premiers dessins qui ressemblaient étrangement à ce que l’on retrouve dans mes œuvres aujourd’hui finalement. La connexion était déjà là.

Ma passion c’était les cours de danse mais j’ai dû arrêter vers 13 ans je crois pour des raisons de santé. À aucun moment je pensais que j’allais être artiste, du moins plasticienne.

1019_409ed7248720badaa2a0d6e4d14d1214Peinture de Emilie Teillaud, Changer d’orage, 2017, 65 x 50 cm

La peinture est arrivée pendant mon immobilisation suite à deux fractures du dos et une fêlure du bassin. Je me suis retrouvée face à moi-même, j’ai peins, j’ai dessiné, exploré les émotions de l’intérieur pour les faire sortir… Après avoir fait une série de toiles, j’ai démarché des galeries, j’ai commencé à exposer, à vendre petit à petit, à comprendre que je pouvais vivre de mon art, que j’avais le droit d’être plus proche de moi-même, et ce n’était plus la peine d’essayer d’être une autre.

J’ai difficilement lâché-prise et laissé naître ce qui doit naître sur une toile, ou sur un autre support. C’est d’ailleurs l’une des périodes où j’ai pris le plus de temps pour m’exprimer malgré la douleur et la contrainte du corset. C’était magique de me rendre compte que j’avais un univers intérieur qui pouvait naître de mes mains.

Avant mon accident je m’étais plutôt dirigée dans des études de psychologie, de musicologie, de kinésiologie, et autres …

J’ai un peu exploré tout cela en faisant divers métiers (employée en maison de retraite, enseignante à domicile, auxiliaire de vie scolaire individuel, secrétaire, employée de banque, ATBCD en école maternelle et primaire, et autres …). Je cherchais à entrer dans un sorte de vie cadrée pour ne pas trop faire de vagues, pour ne pas inquiéter mes parents. Trouver un métier stable pour ne rien devoir à personne.

Je pensais que la liberté passait forcement par là.

Aujourd’hui j’ai une notion tout autre de ce qu’est, pour moi, la vraie liberté.

1019_88adbd29e7e0388eca63c02382f70c05Peinture de Emilie Teillaud, Sous mon aile, 2017, 65 x 50 cm

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Certainement la vie, les rencontres, la nature, les voyages, la musique, la mer, l’océan, les oiseaux, les rires, la tendresse, ce qui rend vivant, ce qui chamboule, ce qui donne des ailes, ce qui rend femme, ce qui rend forte, le sacré, l’univers, l’énergétique, ce qui fait vibrer.

Je ne sais pas vraiment…

Je crois que je n’ai pas besoin de sources d’inspiration pour peindre, j’ai juste besoin de lâcher prise et de laisser descendre… Peindre ou regarder des œuvres c’est nourrir, réparer, adoucir, donner du doux, laisser passer des messages, de donner sans rien attendre en retour.

Au final je ne fais pas grand chose.

1020_802f556757116ec831270e199a0d9070Peinture de Emilie Teillaud, Des peaux qui savent se trouver, 2016, 116 x 89 cm

Changez-vous parfois de techniques ?

Oui en permanence, je n’ai pas de techniques particulières d’ailleurs.

1020_8c1257db097e576bbe85b34161786f1cPeinture de Emilie Teillaud, Aimons-nous. Vivants., 2016, 130 x 95 cm

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur “Aimer sans mesure” ?

Aimer sans mesure, c’est la première grande toile que j’ai faite après la naissance de mon deuxième fils. Pour le coup celle-ci est très personnelle mais universelle je trouve, ce qui ne veut pas dire que dès le départ je savais ce que j’allais peindre, parce que je ne sais jamais ce que je vais peindre. C’est lorsque que j’ai vu apparaître la forme des visages, les courbes, que j’ai compris que j’avais des choses personnelles à coucher sur la toile.

Je trouve, qu’on y voit la force de la mère universelle, un enfant intérieur, un frère devenu plus grand, des ressemblances, des différences, et ce violet qui arrive en symbole de protection.

Aimer sans mesure, c’est ce que je ressens quand je vois mes enfants, c’est l’amour dans le ventre, la puissance de devenir mère, l’amour inconditionnel, l’acceptation d’être une mère imparfaite. C’est aussi un combat contre mes démons, c’est essayer de m’aimer mieux, de gagner en confiance, pour qu’ils aient confiance en eux. C’est essayer d’être moi-même en prenant le risque de ne pas leur plaire. C’est essayer de les accueillir dans toutes leurs émotions.

Aimer sans mesure était certainement aussi un trop plein d’émotions gardées au fond de moi que j’ai mis en peinture à travers cette toile, parce c’est beaucoup d’amour à recevoir.

Aimer sans mesure c’est ce que j’ai ressenti quand on m’a posé ce garçon si tendre sur ma poitrine.

Ou pas… A vous de ressentir à votre façon en la regardant.

1020_96de018044d12a897ba137d5fe2be0f6Peinture de Emilie Teillaud, Aimer sans mesure, 2016, 130 x 195 cm

Que signifie l’art pour vous ?

L’art c’est la liberté parfaite ?
L’art c’est la vie.
C’est un peu comme une boule de feu à confier.
L’art c’est de belles images à garder en mémoire.
Parce que l’art console de presque tout.

L’art c’est cette belle énergie à faire circuler.
Parce que l’art c’est la vie.

serie_1020_8165ff7900da67ee0158439b55a99e75Peinture de Emilie Teillaud, Ma tendresse, 2016, 130 x 89 cm

Profil Singulart de Emilie Teillaud:https://www.singulart.com/en/