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Roger Ballen à la Halle Saint-Pierre : une exposition immersive qui ne vous laissera pas indifférent(e)

A deux pas de l’iconique Sacré-Coeur, se tient un musée particulièrement atypique. La Halle Saint-Pierre fait la place belle aux artistes hors normes, autodidactes, dont le regard abrupt ou enfantin sur notre monde nous choque, nous dérange et en tout cas ne nous laisse pas indifférents. Lieu dédié aux artistes du mouvement de l’Art Brut, la Halle Saint-Pierre accueille jusqu’au 31 juillet 2020 une exposition personnelle du photographe sud-africain Roger Ballen – que nous avons la grande chance de représenter sur Singulart. L’artiste étant très connu, il ne s’agit pas cette fois de faire sortir de l’ombre un inconnu pour le porter aux yeux du grand public. Expérience immersive, cette exposition nous plonge au coeur du ballénisme (c’est l’artiste lui-même qui a nommé son univers ainsi) et nous donne de nouvelles clés pour l’appréhender.

Fait particulier, cette exposition a été pensée, scénographiée par l’artiste lui-même et ne se limite pas à des clichés encadrés. L’atelier du photographe semble avoir été transporté de Johannesburg au coeur de Montmartre, le nombre d’objets exposés est impressionnant. Ce contraste entre l’univers touristique du quartier et l’univers dérangeant de Roger Ballen nous rappelle à quel point le lieu d’une exposition permet de renforcer le propos artistique.

Le sens de la visite est laissé au libre arbitre du visiteur. Même si vous connaissez déjà le travail du photographe, le premier étage permet une entrée en douceur dans l’exposition. Le rez-de-chaussée est en effet une expérience plus intense.

Roger Ballen en couleur

Au premier étage des clichés grand format sont placés à côté des objets de leur décor. Pour les connaisseurs, ce premier étage a l’immense intérêt de présenter des photographies en couleur, fait pour le moins étonnant tant l’artiste nous a habitués à un travail en noir et blanc. Saisi en couleur, le ballénisme nous offre une nouvelle facette, et une autre esthétique. A chacun de se faire son propre avis, mais l’effet offert par le contraste des clichés en couleur à côté du noir et blanc permet de s’imaginer le chamboulement qu’a pu provoquer l’arrivée de la couleur dans le milieu photographique. C’est un autre regard proposé, une inattendue modernité dans un travail qui reprend pourtant les mêmes éléments.

Les coulisses des mises en scène au rez-de-chaussée

Au rez-de-chaussé, derrière un rideau caché, vous attend la deuxième partie de l’exposition. Vous pénétrez dans un pièce circulaire. Ce qui saisit alors, c’est l’accumulation d’objets. Tous ont été prêtés par Roger Ballen, et il y a en a tant qu’on se demande quelle taille doit avoir son lieu de travail à Johannesburg.

En quelques minutes, vous basculez au coeur de son univers. Il y a même un mannequin de cire copie-conforme de la silhouette de l’artiste. Plonger dans le monde de Roger Ballen, c’est porter le regard sur tous les détails du bric-à-brac qu’il n’a de cesse de photographier. C’est avoir l’étrange impression de faire soi-même partie d’un cliché vivant. L’impression de réalité est tellement prégnante que vous vous attendez à voir les rats, si souvent présents dans les mises en scène de Ballen, bientôt courir vers vous. Et de se demander quelle pourrait être l’odeur du décor d’un cliché de Roger Ballen ?

Vous pourrez aussi découvrir dans cet espace des films tournés par l’artiste très jeune, et un documentaire réalisé par son assistante. Il n’y a pas de fil conducteur semble-t-il, peu importe l’ordre dans lequel vous progresserez dans l’exposition, il y a tellement de détails que votre oeil n’aura pas le temps de tout capturer. Peut-être n’aurez vous pas la force de rester longtemps. Énigmatiques, dérangeantes, les mises en scène de Roger Ballen sont bien vivantes ici.

En sortant de la salle, vous pourrez prendre un temps pour vous remettre de l’expérience et méditer dessus autour d’un thé au café du musée, un endroit très agréable. Il y a fort à parier que l’exposition vous accompagnera bien après avoir quitté les lieux. De laisser une trace, c’est finalement ce que l’on demande à une bonne exposition. De nous faire prolonger notre réflexion, sur l’esthétisme en photographie en l’occurrence ou sur bien d’autres sujets, c’est bien ce qui nous permet d’identifier les grands artistes.

Ce qu’il faut savoir sur Roger Ballen :

Né à Brooklyn en 1950, Roger Ballen arrive en Afrique du Sud dans les années 70. Si son atelier pourrait être partout dans le monde, nul doute que la complexité de l’histoire sociale sud-africaine compose la trame essentielle du travail de Roger Ballen. Si ses photographies intègrent également des personnages, des marginaux, toutes ses photographies intègrent des éléments de mise en scène. Son univers dérange, ses photographies montrent le bazar apparent de la vie, ce qui contraste particulièrement avec la personnalité très calme, la voix posée de l’artiste.

Photographe reconnu, l’oeuvre de Roger Ballen est présente dans les collections publiques du MoMA, du Brooklyn Museum, du Victoria and Albert Museum, du Tate ou encore du Centre Georges Pompidou à Paris.

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