Le jazz a influencé non seulement le développement de la musique, mais aussi l’art du XXe siècle. Quels artistes ont été inspirés par le jazz ? Ce monde dynamique et sa représentation dans l’art sont illustrés ici par trois exemples.
La musique jazz est apparue au sud des Etats-Unis dans les années 1900. Le jazz n’a pas tout de suite été un succès international, car il fut avant tout un sujet de critiques et de recherches.
C’est notamment grâce à ces recherches que le jazz est aujourd’hui apprécié comme musique légère, mais aussi comme une performance culturelle. L’influence du jazz sur l’art peut être perçue de manières différentes. Il existe des preuves emblématiques de l’implication d’artistes dans le monde du jazz.

Otto Dix
Le jazz a conquis l’Europe dans les années 20 et 30. Dans son triptyque Großstadt datant des années 1927, Otto Dix, artiste de la Nouvelle Objectivité, montre l’intérieur d’un bar de danse sophistiqué. Ici, le thème dominant est la vie nocturne des années folles alliant plaisir somptueux (panneau du milieu) et la réalité des difficultés de l’après-guerre (panneau de gauche : les mutilés de guerre, la pauvreté et la prostitution).
Sur le panneau central du triptyque, un groupe de jazz d’instruments à vent joue dans un bar de danse. L’immense sentiment de soulagement et de libération qui s’est répandu dans la société après la fin de la Première Guerre mondiale, a été submergé par le désir de noyer les horreurs de la guerre dans l’hédonisme. La musique et la danse sont devenues un instrument de libération du plaisir. Le jazz, avec son énergie pulsée et débridée, reflète comme nul autre, l’attitude face à la vie dans cette courte période excessive en Europe. Etant considéré comme un symbole de liberté, le jazz fut rejeté par les nazis, qualifié comme dégénéré et interdit sous le Troisième Reich.

Jackson Pollock
Le jazz est une source d’énergie intellectuelle que tout le monde peut utiliser pour se recharger. Jackson Pollock lui-même a été enivré par le bebop, un style de jazz des années 1940. Il pulvérisait de la peinture sur la surface de la toile ou la faisait couler directement de la boîte (appelée Action Painting ou peinture active) avec le même genre d’énergie que celle que l’on voit chez les musiciens de jazz. Il était connu pour écouter Duke Ellington, Count Basie et Louis Armstrong. L’artiste assistait souvent à des représentations au club de jazz new-yorkais Five Spot.
En peignant, Jackson Pollock plongeait dans le rythme chaud, spontané et entraînant de la musique. Les « éclats, les éclaboussures et les rages » de ses compositions sont en échange direct avec la qualité illimitée et énergique de la musique de jazz. Ses peintures abstraites sont caractérisées par un flux de couleurs spontanées qui ressemble à une symphonie visualisée. Une véritable composition d’harmonie et d’agitation, de dynamisme et de stabilité. Cette improvisation spontanée se retrouve également dans l’esthétique du jazz, où l’interprète a la liberté d’improviser des solos. L’artiste ne perd cependant jamais la structure globale.
Dans ses Peintures Actives, Jackson Pollock capture un processus immédiat, désinhibé et, semble-t-il, déchaîné. Il crée des couleurs, des éclaboussures et des lignes semblables aux mélodies, aux rythmes et aux structures de la musique de jazz.

Piet Mondrian
L’influence du jazz sur l’art du XXe siècle est particulièrement visible avec l’exemple de Piet Mondrian. L’artiste constructiviste néerlandais écoutait du Boogie Woogie. Sa passion pour le jazz s’est intensifiée après une visite de concert de Duke Ellington à Paris. En effet, on a pu le voir danser le jazz sur les pistes de danse de Londres et de New York, souvent avec la collectionneuse Peggy Guggenheim et le peintre Lee Krasner.
Dans la Playhouse de Minton, Mondrian a écouté Thelonious Monk, qui avait développé son propre style musical. Grâce à des harmonies dissonantes et des accords brisés, ce talentueux musicien a créé une approche visionnaire du timbre et des dynamiques. La précision avec laquelle Mondrian a fixé une ligne ou appliqué une couleur à la structure de ses tableaux peut être directement comparée à Thelonious Monk. Une tension entre des compositions brillamment disciplinées et un dynamisme sans retenue.
Avec le tableau « Broadway Boogie-Woogie », Mondrian s’est attaché à capturer le rythme et l’énergie. Un tapis vacillant, sauvage mais toujours ordonné, qui fait danser les couleurs de façon dynamique. Le jazz et la peinture s’avèrent être des source d’inspirations mutuelles pour Mondrian.
Le Jazz et Singulart
L’influence du jazz sur l’art est toujours d’actualité. Il existe aujourd’hui de nombreuses preuves que le jazz influence les processus, les idées et les productions artistiques. La musique jazz est également une source d’inspiration pour de nombreux artistes Singulart.
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« Jazz blues », 2018
Maxim FomenkoJazz, 2018
Yeong ChoiMouvement de jazz, 2006
Jean-Luc LopezPEOPLE FROM PAINT – house is burning and I am sax playing, 2020
Rafal ChojnowskiMusic, 2020
Mattia Consonni