Anne Lemaître est une peintre et dessinatrice française vivant et travaillant à Paris. Tel un songe entre le merveilleux et l’idéalisme, l’œuvre pictural d’Anne Lemaître se nourrit de ses voyages mais aussi des héros de la mythologie, de l’art médiéval et tribal, de la poésie et de la philosophie. L’artiste accorde une attention particulière aux couleurs complémentaires, tout comme l’artiste Frida Kahlo dont elle s’inspire.
Quand avez-vous choisi de devenir artiste ?
Je n’ai pas choisi de devenir artiste, c’est une nécessité. La réalité et la brutalité de notre monde m’oppressent, j’ai besoin de me réfugier quotidiennement dans un espace poétique et plus léger, plus sensible aussi.
Enfant, j’étais déjà dans ma capsule. Une capsule peut s’ouvrir et se fermer à volonté ! J’ai écrit une nouvelle de science-fiction à l’âge de 15ans, je regardais beaucoup de films. J’ai toujours dessiné. Entre 6 et 12ans, les dessins animés diffusés à la télévision (Scoobidou, le Muppet Show, La linéa, Les fous du volant) m’offraient la fantaisie, la drôlerie, et une loufoquerie extrêmes. La peur aussi, mais toujours avec une grande tendresse. Je me projetais dans cet univers. Donc, je réalise aujourd’hui ce rêve d’enfant, en créant moi-même. Dessiner c’est prolonger le monde de l’enfance. Et j’adore encore et toujours l’excentricité des dessins
animés décalés !
Anne Lemaître
Pouvez-vous nous parler de vos influences artistiques et des autres artistes qui vous inspirent ?
Je suis absolument « artropophage » ! Tous les arts m’inspirent : littérature, poésie, cinéma, musique, danse, cirque, philosophie ! Car, Albert Camus est un philosophe, mais c’est aussi un grand artiste, Nietzsche également. Les poètes et les penseurs nous aident à vivre.
En peinture, je suis très touchée par la peinture dite « primitive », souvent maladroite et enfantine (ces illustres inconnus de la Pinacothèque de Sienne, en Italie) et le courant surréaliste. Victor Brauner en est mon peintre préféré. Frida Kahlo également. Deux artistes uniques, d’une résilience inouïe, et d’une grande intégrité. Aujourd’hui, des peintres comme Nicole Eisenman, Karin Mama Andersson, ou Alice Neel m’inspirent beaucoup.
Préférez-vous travailler seule ou en collaboration avec d’autres artistes ?
Je travaille assez seule, mais j’aime beaucoup échanger et correspondre avec d’autres artistes, qui, bien souvent, pratiquent d’autres arts que la peinture.
Anne Lemaître
Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?
Je suis très heureuse que Jean-Michel Ribes ait accepté d’exposer prochainement mes dessins au stylo bic, dans la librairie de son théâtre. Je dessine depuis 10 ans au stylo bic, donc cette exposition rassemblera 10 ans de dessins ! Un anniversaire. Elle aura lieu en Mai 2021, si tout va bien. Je fréquente ce théâtre depuis longtemps. L’insolence, la dinguerie et l’éclectisme de sa troupe me plaisent beaucoup. C’est une grande joie !
Que feriez-vous dans la vie si vous n’étiez pas devenue une artiste ?
J’aurai adoré être archéologue ou anthropologue. Enfant, j’étais fascinée par les premières photos de la découverte de « Lucy », le squelette de cette
Australopithèque, découvert en Ethiopie. La création, c’est aussi explorer, sonder, creuser. Avant de devenir peintre, j’ai expérimenté plusieurs métiers et dans différents secteurs (médical, communication, éducation, publicité, galerie d’art). Aujourd’hui, continuer de travailler à temps partiel en parallèle d’une activité artistique me permet de rester ancrée dans la vie, c’est important.
Anne Lemaître
Y a-t-il d’autres artistes présentés sur Singulart dont le travail vous plait ?
Les portraits « Lockdown » de Lee Ellis, les paysages énigmatiques de Casey McKee et les tableaux foisonnants de Karem Arrieta m’intriguent. Ces œuvres sont sensibles.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui débutent ?
Se faire confiance et une patience de géant ! ….et surtout, surtout, rester sincère ! Créer, ce n’est ni séduire, ni décorer. L’Art, c’est tout l’inverse de la décoration : c’est une exploration. Sans concession.
