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Sonia Delaunay : symbole féminin pluridisciplinaire du XXème siècle

Sonia Delaunay est l’une des artistes présentées dans la vente exclusive de Singulart en partenariat avec la galerie Perve au Portugal. Découvrez ici la vie d’un symbole féminin pluridisciplinaire.

Son oeuvre abstraite

Les explorations novatrices de Sonia Delaunay en matière de couleurs et de formes commencent en 1911 avec la confection d’un quilt destiné à son fils Charles, plus tard considérée comme une percée dans l’histoire de l’abstraction.

La peinture de Sonia connaît par la suite un profond renouvellement qui culmine à la fin des années 1960, période d’après-guerre, dans un style abstrait plus poétique. À travers la peinture, la mosaïque, ou encore la tapisserie, la diversité de sa créativité s’exprime aussi à travers des formats classiques voire monumentaux.

Son mari Robert Delaunay traduisait l’abstraction par un langage simple et universel, tandis que Sonia préférait le représenter sous la forme de couleurs sur des supports plus variés. Les années folles, marquées par l’épanouissement d’une abstraction épurée et reliée au mouvement international de l’époque, sont alors une grande période de création pour le couple.

Sa vie

Sonia Delaunay est née le 14 novembre 1885 à Gradizhsk, en Ukraine. Dans sa jeunesse, elle étudie assez peu les beaux-arts : elle commence par le dessin à Karlsruhe pendant deux ans, qu’elle quitte pour l’Académie de la Palette de Paris à l’âge de 20 ans. Elle y découvre pour la première fois le fauvisme et le post-impressionnisme, qui l’incitent à développer sa vision de l’art non objectif. Lors de cette période picturale fauve, inspirée par Van Gogh et Paul Gauguin, elle peint des portraits également émanés de l’art russe, utilisant des aplats de couleurs cernés de contours noirs, soulignant les traits d’ombres vertes ou de cernes bleus. Les « Finlandaises » des vacances de son enfance, ou son « Nu jaune » sont un bel exemple de sa technique. Ses portraits se détachent parfois sur des fonds décorés qui nous rappellent Matisse.

Rhythm Colour no.1076-(1939), Sonia-Delaunay, Credits: Tate Museum

Son style change radicalement au début des années 1910 quand, en compagnie de Robert Delaunay qu’elle vient d’épouser, elle s’oriente vers l’abstraction. Ils inventent et développent ensemble le « simultané », qui joue sur les contrastes et la dynamique des couleurs, avec un brillant mélange de cubisme et de futurisme. Il sera baptisé “Orphisme” par le critique et poète Guillaume Apollinaire, bien que Sonia préfère le terme “Contraste simultané ». C’est un mouvement totalement novateur, qui à l’époque ne correspond à aucune tendance. De plus en plus attirée par l’art abstrait, elle crée en 1946 le Salon des réalités nouvelles dans l’unique but de promouvoir l’abstraction.

Liberté créatrice : de la peinture, vers une variété infinie de supports et de couleurs 

Après la peinture, elle crée des textiles tant qu’ »exercices de couleurs » sous l’étiquette de la Maison Delaunay. Par la suite elle conçoit même des costumes pour les Ballets Russes de Sergei Diaghilev. L’esquisse disponible sur Singulart pendant la vente partenaire avec la galerie Perve, est une illustration parfaite de ses explorations sur les couleurs et la création de ses costumes.

Untitled – ‘Projet de tissus’, 1925-1933 – Sonia Delaunay

Son œuvre textile suscite cependant quelques controverses. Michel Seuphor, critique et peintre abstrait, pense qu’on l’a certainement trop restreinte au domaine de la mode : « Je regrette personnellement que pendant de longues années, Sonia Delaunay, au lieu de se vouer entièrement à la peinture, ait dispersé son talent en essayant d’introduire dans la mode les idées simultanéistes de sa peinture».

C’est Anne Montfort, commissaire de la rétrospective Sonia Delaunay au Musée d’art moderne de Paris, qui décrète finalement qu’en ramenant l’essentiel de l’œuvre de Sonia à son travail textile, c’est en réalité Seuphor qui a disqualifié la peinture de Delaunay.

Dans une critique plus récente, on nous rappelle que les motifs inventés sur tissus par Sonia sont une réelle inspiration dans la création picturale contemporaine : « Il n’est pas sans importance pour l’historien que ses œuvres soient antérieures à celles de Mondrian, l’un des pionniers de l’abstraction » (Jacques Damase), et que ses tissus sont encore source d’inspiration pour toutes les générations de jeunes peintres.

Relief pour l’escalier du Palais des Chemins de fer (1937), Sonia & Robert Delaunay Credits : Centre Georges Pompidou

Constamment attirée par la variété, elle s’aventure dans des productions monumentales comme la fresque destinée au Palais des chemins de fer pour l’Exposition internationale de 1937. Elle est souvent exposée avec son mari au Centre Georges-Pompidou, auquel elle a fait plusieurs donations.

Sonia Delaunay Portrait (1927) , Crédits : Versions-originales.org,

Un symbole féminin ?

En 1964, l’ukrainienne devient la première femme vivante à recevoir une rétrospective au Musée du Louvre. Un espoir et symbole féminin pour l’époque.

Cependant, peu avant sa mort en 1978, Sonia Delaunay est interrogée pour une interview dans le but de savoir si elle se considérait comme une féministe. Elle répond alors : « Non, je méprise ce mot. Je ne me suis jamais considérée comme une femme de manière consciente. Je suis tout simplement une artiste ».

Elle décède le 5 décembre 1979 à Paris, laissant derrière elle une œuvre abondante comprenant aussi des tissus imprimés, des livres d’artistes, des robes de haute couture dont la célèbre robe de l’écrivaine britannique Nancy Cunardun. Un vaste héritage qui marquera l’histoire du XXème siècle.