L’art a toujours été un reflet de l’histoire et de ses différentes époques. Il n’est donc pas surprenant que les sculptures les plus célèbres soient pour certains l’occasion de visiter une ville, qu’elles suscitent des débats internationaux et voyagent aux quatre coins du monde. Certaines de ces sculptures ont été réalisées par des femmes. Dans cet article, SINGULART s’intéresse aux plus grandes installations de femmes artistes, dans les espaces publics du monde entier.
Niki de Saint Phalle – La fontaine Stravinsky (1982), Paris, France
Cette œuvre d’art réalisée par Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely se trouve juste à côté du Centre Pompidou à Paris. Cette fontaine publique pleine de fantaisie présente seize sculptures en l’honneur du compositeur de musique Igor Stravinsky. Certaines d’entre elles sont en mouvement et pulvérisent de l’eau au rythme des mélodies du compositeur. Les sculptures noires, plus mécaniques s’associent merveilleusement bien aux œuvres colorées de Niki de Saint Phalle
Saint Phalle était une sculptrice, une artiste-peintre et une cinéaste franco-américaine connue pour son activisme et ses opinions politiques franches sur les questions sociales. Née en 1930 en France, elle est notamment reconnue pour ses nombreuses sculptures iconiques que l’on peut trouver dans le monde entier. Sa relation personnelle et artistique avec l’artiste suisse Jean Tinguely a notamment inspiré l’artiste à créer un grand nombre de ses œuvres emblématiques.
Hayat Nazer – Statue d’une femme (2020), Beyrouth, Liban
L’artiste libanaise a construit cette statue de femme avec les vestiges de l’explosion du port de Beirut. La statue fait face au lieu de l’explosion et on retrouve à ses pieds une horloge indiquant l’heure de l’explosion : 18h08. Cette œuvre célèbre le premier anniversaire du début du mouvement de protestation anti-gouvernemental à l’échelle nationale.
C’est en aidant à nettoyer la ville des débris de l’explosion que l’artiste a commencé à collecter des matériaux et du verre brisé, car elle ne voulait pas qu’ils soient simplement détruits. Elle y voit l’opportunité de leur donner une seconde vie et commence à construire une statue de femme pour mettre en avant la condition féminine. La statue représente une belle femme, qui souffre et qui a été brisée, mais qui reste forte malgré tout.
Hayat Nazer est née en 1987 à Tripoli au Liban. Elle a suivi des études en design et communication, et ce n’est que récemment qu’elle a décidé de poursuivre une carrière artistique et de créer des sculptures et peintures à temps plein.
Rosenclaire – Boîtes à savon (2003), Le Cap, Afrique du Sud
Le duo artistique des femmes artistes Rosemarie Shakinovsky et Claire Gavronsky, connu sous le nom de Rosenclaire, a créé cette installation publique pour l’Iziko SA National Gallery. Ce duo dirige notamment sa propre école et résidence artistique en Italie et a présenté de nombreux travaux en Europe du Sud.
Les deux boîtes en bronze sont situées à côté des marches de la galerie, bouleversant l’approche typique de l’art public – ce sont des plateformes, des podiums pour débattre, performer et manifester. Cette sculpture est une présentation interactive de l’art dans les espaces publics pour encourager la voix de quiconque y met les pieds.
Nées dans les années 1950, ces deux artistes vivent et travaillent entre Florence, Le Cap et Johannesburg. Rosenclaire partage leurs idées et leur travail à travers des projets indépendants, critiques, engagés et enthousiastes.
Kristen Visbal – Fearless Girl (2017), New York, USA
Cette sculpture en bronze a été commandée par la State Street Global Advisors (SSGA), une société de gestion d’actifs, pour célébrer le pourcentage relativement élevé de femmes parmi les cadres supérieurs de l’entreprise. Il y a quatre ans, le 7 mars 2017, la sculpture a été installée à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes. Cette statue d’une petite fille de 1,20 m symbolise la libération de la femme.
La statue a été placée face à la célèbre statue du Charging Bull de l’artiste italien Aruro Di Modica, qui symbolise Wall Street et le quartier financier. La controverse a éclaté lorsque l’artiste Di Modica a déclaré, lors d’une conférence de presse, que la jeune fille « attaquait » le taureau et modifiait ainsi son message. Le taureau était le symbole d’une économie en plein essor, mais avec la présence de la fille, l’animal s’est retrouvé dans une déclaration sur le genre et la diversité. La jeune fille a donc été enlevée en novembre 2018 et relocalisée en face du bâtiment de la Bourse de New York. Mais une plaque avec des empreintes de pieds a été placée sur le site original de Fearless Girl (fille sans peur en français).
L’artiste américaine Kristen Visbal est née à Montevideo en Uruguay en 1962 et a étudié les beaux-arts et la sculpture à l’université de Salisbury. Sa sculpture Fearless Girl est son plus grand succès à ce jour.
Louise Bourgeois – “Maman” (1999)
Cette sculpture en bronze et en acier inoxydable de plus de 10 m de haut et 9 m de large représentant une araignée est l’une des plus grandes installations au monde dans les espaces publics. L’œuvre d’art est tendrement intitulée « Maman ». La sculpture comprend donc un sac contenant 32 œufs en marbre. Il existe 7 de ces installations permanentes dans le monde entier, dont une à la Tate Modern à Londres au Royaume-Uni, une à la Galerie nationale du Canada à Ottawa, une au Musée Guggenheim à Bilbao en Espagne et une au musée Leeum, le Musée d’art Samsung en Corée du Sud.
« L’Araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Comme une araignée, ma mère était une tisserande. Ma famille s’occupait de la restauration de tapisseries, et ma mère était responsable de l’atelier. Comme les araignées, ma mère était très intelligente. Les araignées sont des présences amicales qui mangent les moustiques. Nous savons que les moustiques répandent des maladies et sont donc indésirables. Les araignées sont donc utiles et protectrices, tout comme ma mère ». – Louise Bourgeois
Louise Bourgeois est née en 1911 en France. C’est une grande artiste peintre, sculptrice et graveuse. Son œuvre a exploré différents sujets controversés : la famille, la sexualité, le corps humain, la mort et l’inconscient.
Julieta XLF – “El Abrazo” (2016) Cromàpica, Espagne
Julia Silla, connue sous le nom de Julieta XLF et née en 1982 à Valence en Espagne est connue pour ses fantastiques peintures murales, représentant des femmes entourées par la nature. L’œuvre que l’on observe ici est « El Abrazo » (l’étreinte en français), un symbole de l’amour de la vie selon les artistes. Cette œuvre suggère le respect de l’environnement dans lequel nous vivons et de la planète qui nous procure l’air que nous respirons. Julieta XLF veut attirer l’attention sur notre besoin de nous reconnecter à cette Terre mère. Cette œuvre se trouve dans un petit quartier appelé « Valliviana », qui signifie la vallée stérile, c’est-à-dire non cultivée. Cet aspect produit un véritable dialogue avec l’œuvre d’art colorée et remplie de fleurs.
Julieta est une artiste graffiti et street art de renommée internationale. Ses travaux sont présentés aux quatre coins du monde. Elle est diplômée d’un master en illustration des Beaux-Arts de San Carlos et de l’université polytechnique de Valencia.
