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Entretien avec l’artiste Speedy Graphito, pionnier du mouvement Street Art en France

Speedy Graphito

Véritable figure de proue du Street Art en France, Speedy Graphito est l’un des principaux artistes présents lors de notre vente aux enchères de Street Art du 20 au 25 avril en exclusivité sur SINGULART.  Dans cet entretien, Speedy Graphito nous parle de son parcours singulier, de l’évolution du Street Art depuis les années 1980 et de ses futurs projets. Plongez au cœur de l’univers de Speedy Graphito

1. Est-ce que vous vous définissez comme un Street Artist ?

Je me définis avant tout comme artiste au sens général du terme. Je travaille sur de multiples supports – toiles, bois, papier, carton, mur – et utilise la peinture, la sculpture, le numérique et la photographie comme moyens d’expression. Parallèlement, je peins parallèlement en extérieur et en atelier, car j’estime que ces deux aspects sont complémentaires. J’aime vivre la peinture comme une expérience à la fois physique et mentale

2. Qu’est-ce qui vous inspire et vous pousse à créer ?

Je suis principalement guidé par ma curiosité. Mes œuvres sont en quelque sorte le journal intime de ma pensée. Je ne cherche pas à dénoncer ou à polémiquer sur un fait de société, mais mon inspiration se situe évidemment dans l’interprétation que je fais du monde qui m’entoure. Mes œuvres sont comme des réponses aux questions que je me pose.

3. Quel regard portez-vous sur les évolutions du Street Art aujourd’hui, vous qui êtes considéré comme l’un des pionniers de l’art de rue ?

J’ai commencé à peindre dans la rue car je n’avais pas d’autre espace pour exposer mes créations. Ma démarche a toujours été de mettre de l’art dans la rue, à l’inverse de la tendance actuelle qui met de l’art de rue dans des galeries. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui l’artiste urbain a troqué son statut de « vandale » pour celui de « star« . En parallèle, l’intérêt pour le Street Art s’est largement développé à une échelle internationale. En tant qu’artiste, j’ai toujours eu à cœur de placer l’art au centre de nos vies et je vois aujourd’hui mon souhait se réaliser bien au-delà de mes espérances.

4. Est-ce que vous pourriez nous parler d’un projet artistique sur lequel vous travaillez en ce moment ? 

Je n’aime pas trop dévoiler mes projets avant qu’ils ne se réalisent mais je peux vous confier que les musées et autres institutions artistiques sont de plus en plus demandeurs de productions Street Art. Plusieurs rétrospectives de mon travail ont déjà été conduites et de nombreuses expositions sont en préparation. Le taux de fréquentation des expositions d’art urbain fait exploser les taux de visiteurs habituels, ce qui prouve qu’il y a un véritable intérêt pour le sujet. Les musées me permettent en tant qu’artiste d’accrocher mes œuvres sans aucune contrainte de vente. Plus immersifs, ils offrent une approche didactique et un recul sur la carrière de l’artiste exposé que je trouve intéressants. 

5. Quelle analyse faites-vous de l’engouement du marché de l’art pour les artistes Street Art ?

Le Street Art a ouvert un nouveau marché de l’art. Les enfants qui rêvaient devant mes fresques sont aujourd’hui devenus des adultes et ils n’ont pas envie de collectionner les mêmes œuvres d’art que celles de leurs parents. Les collectionneurs sont à la recherche d’un art qui leur ressemble. Par ailleurs, je trouve cela toujours décevant que l’argent reste le principal moteur du marché de l’art. Sans l’ascension fulgurante de la côte de Banksy, je ne suis pas certain que le Street Art se serait développé aussi facilement. L’argent fascine les foules. Quoi qu’il en soit, j’ai appris à vivre avec cette donnée. Je considère que l’important pour un artiste est de pouvoir vivre de son art et de créer sans préoccupations matérielles. J’ai la chance de pouvoir vivre de mon art depuis toujours sans jamais avoir été obligé d’abandonner ma passion. J’ai un public aimant et fidèle qui me conforte dans l’idée que l’art est essentiel à l’écriture de l’histoire de notre civilisation. Parallèlement à la production d’œuvres originales, je développe également aussi beaucoup l’édition. Je pense qu’il est important de rester accessible au plus grand nombre et de donner l’envie à un nouveau public de devenir peut-être un jour collectionneur. Pour cela, l’art doit être à jamais immortel.