Le travail de Nanna Hänninen a toujours cherché à explorer les dichotomies qui existent dans ce monde, notamment l’illusion de ce qui est réel et de ce qui est faux. Dans un monde de « fausses nouvelles », son approche conceptuelle remet en question l’idée que la photographie est une capture objective de la réalité et de la vérité. Nous nous sommes entretenus avec l’artiste finlandaise pour parler de ses influences artistiques, du changement climatique et de ce que l’art représente pour elle.
Quand avez-vous su que vous vouliez être une artiste ?
J’ai suivi mon premier cours de photographie en noir et blanc à l’âge de seize ans et au début de la vingtaine, j’ai entamé mes premières études artistiques professionnelles à l’Institut de design de Lahti, en Finlande. Au début de mes études, je pensais que je deviendrais photo-journaliste, mais au cours de ma première année, il est devenu évident que ma pensée était trop artistique. Après mon séjour à l’Institut de design de Lahti, j’ai fréquenté l’université d’Aalto (communément appelée l’école d’Helsinki) pour obtenir ma maîtrise. Pendant mes études ici, je suis devenu une artiste professionnelle présentée) par plusieurs galeries internationales, dont la Galleri Bo Bjerggaard à Copenhague.
Pouvez-vous nous parler de vos influences artistiques et des artistes qui vous inspirent le plus ?
Des artistes de l’école de Düsseldorf tels que Thomas Demand ont influencé mon travail, tandis que des artistes comme Gerhard Richter, Barbara Kruger et Francesca Woodman ont également eu un impact sur mon style.
Préférez-vous travailler seul ou collaborer avec d’autres artistes ?
Dans ma pratique de l’art, j’ai tendance à travailler seule mais toute ma famille est souvent impliquée. Après la partie création et la phase d’édition, presque tout le travail est un processus de collaboration avec des imprimeurs, des musées, des galeries, des éditeurs, des mentors et des collectionneurs.
L’art lui-même peut être considéré comme une étude du monde sous un angle différent.
Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?
J’étudie actuellement le phénomène du changement climatique et son impact sur une personne. L’individu dans notre société et le genre humain en général est quelque chose qui m’intrigue.
Quelle est la signification de l’art, et pourquoi l’art est-il si important dans notre société ?
L’art lui-même peut être considéré comme une étude du monde, mais sous un angle différent. L’art permet souvent de traiter des questions personnelles, même si cela n’est pas visible de manière évidente. Faire ou observer de l’art permet d’ajouter des perspectives à notre compréhension du monde.
L’une des choses les plus importantes dans la pratique artistique est la liberté d’expression. Du point de vue du spectateur, je pense qu’il est important de comprendre que les œuvres d’art sont ouvertes à toutes sortes d’interprétations – qui sont toutes également correctes. Penser à travers l’art nous aide à développer l’empathie et à comprendre la pensée des autres. La plupart du temps, lorsque je regarde une œuvre d’art, l’aspect et la sensation sont différents en fonction de ce que je ressens ce jour-là. Cette richesse d’interprétation et le dialogue avec soi-même constituent une dimension vraiment magnifique de l’art.
Vous utilisez l’art dans un autre type de contexte également, pouvez-vous nous en parler ?
Nous vivons dans un monde complexe et globalisé alors que notre société devient de plus en plus multiculturelle. En raison de l’ère numérique et de nos vies trépidantes, nous manquons aussi souvent de compétences essentielles qui constituent la base d’une société cohérente. La communication, la collaboration et la créativité font défaut dans le monde moderne.
Je pense que pour favoriser les compétences du 21e siècle, nous avons également besoin d’outils du 21e siècle. C’est pourquoi j’ai développé la méthode Neemo™ – un outil d’apprentissage et de facilitation basé sur la photographie. Il s’agit d’un atelier créatif qui combine collaboration et apprentissage par la photographie. Dans cet atelier, nous souhaitons que les participants s’inspirent de l’art photographique tout en mettant en œuvre leur propre stratégie. En tant qu’artiste, j’ai le sentiment d’avoir pour mission d’enseigner le pouvoir de l’art à tout le monde, en particulier à ceux qui n’ont pas accès au monde de l’art et de la pensée artistique.
Que pensez-vous que vous feriez si vous n’étiez pas un artiste ?
J’aurais pu être médecin, thérapeute, designer, philosophe ou politicienne.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui débutent ?
Travaillez honnêtement et systématiquement sans vous oublier. Soyez fier de votre travail, mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas le seul artiste. Essayez de trouver des personnes autour de vous avec lesquelles vous vous sentez à l’aise et qui seront honnêtes avec vous – vous avez besoin de personnes dans votre vie qui vous apprécient en tant qu’être humain et pas seulement en tant qu’artiste. Trouvez également un mentor qui vous donne un avis honnête sur votre travail et considérez votre carrière comme un long voyage.
Je dirais que tant que vous n’avez pas de famille, vous devriez voyager beaucoup, car cela enrichit votre réflexion et vous aide à grandir en tant qu’être humain. Enfin, je vous souhaite bonne chance car il en faut aussi un peu pour réussir.
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Derniers projets de Nanna Hänninen
Exposition dans sa Finlande natale aux musées Serlachius du 1er février 2020 au 7 mars 2021.
Le nouveau livre de Nanna, Now is Now, est disponible via Kodoji Press.
