Artistes

5 minutes avec Isabel Mahe

Isabel Mahe est une peintre française autodidacte dont les œuvres sont empreintes d’une grande féminité. Elle est toujours prête à expérimenter différentes techniques et matériaux, à jouer avec des mélanges de couleurs, de contrastes, d’ombres et de lumières. Et utilise des couleurs pures sur des surfaces à motifs pour créer des représentations lumineuses et douces du corps et de l’esprit de la femme.

Nous avons posé quelques questions à Isabel Mahe sur sa démarche artistique et ses sources d’inspiration.

Quand avez-vous choisi de devenir artiste ?

Le goût du dessin m’est venu par hasard, ou par accident. Un jour de désœuvrement, au XXème siècle, je ne sais plus exactement en quelle année. J’ai reproduit au crayon un cheval d’après un calendrier des PTT. J’ai trouvé cela agréable, alors j’ai réitéré les jours suivants. Puis je me suis mise aux couleurs, d’abord au pastel, puis à l’huile…

N’ayant aucune culture artistique, j’ai feuilleté des livres et visité des musées. J’étais subjuguée, captivée, fascinée, m’investissant sans relâche, jusqu’à me retrouver un beau matin de l’autre côté de la barrière, « over the Rainbow », quand l’audace m’a encouragée à dévoiler mes propres créations.

Pouvez-vous nous parler de vos influences artistiques et des autres artistes qui vous inspirent ?

J’ai été dans un premier temps très influencée par les portraitistes impressionnistes, tels Renoir, Manet, Degas. Mon goût immodéré de l’expressivité dramatique m’a ensuite orientée vers des œuvres plus prégnantes.

Côté peinture, les fresques de Tiepolo, les compositions de Brueghel, les caricatures de Daumier et l’expressivité de Toulouse-Lautrec me touchent tout particulièrement. Des fruits blets du Caravage, des chairs glauques de Lucian Freud aux atmosphères intemporelles d’Odd Nerdrum, les grands peintres nous font ressentir, par-delà les beautés fugitives, l’inexorable déclin des destinées humaines.

Les artistes illustrant la profonde humanité de gens ordinaires sont pour moi de grandes sources d’inspiration, même si cela ne transparaît pas au premier abord dans mes œuvres. Tant que Zorba le grec continuera de danser et Sancho Panza de s’imaginer Grand d’Espagne, mes femmes nues, éphémères vanités, persisteront à se croire immortelles.

Côté sculpture, « la lamentation sur le Christ mort » de Niccolò dell’Arca, en l’église Santa Maria della Vita à Bologne, me captive par sa force d’expression. De manière générale, je suis profondément émue par les statues étrusques et romanes, ainsi que par les mosaïques byzantines, qui témoignent d’une sincérité intense.

Parallèlement et bien que cela puisse paraître contradictoire, je suis pareillement fascinée par l’élégance de la ligne vigoureuse de Gruau, l’hyperréalisme poétique de Jacques Poirier ou le raffinement des portraits nacrés et chatoyants de Tang Wei Min.

Suspicion ((( Verdacht ))), (2021)
Isabel Mahe, France

Préférez-vous travailler seule ou en collaboration avec d’autres artistes? 

Seule, sans aucune hésitation. Je suis du genre asociale. Excessivement timide, pour ne pas dire farouche. La solitude me convient et les récentes mesures de confinement n’ont absolument rien changé à ma façon de vivre habituelle.

La discrétion, c’est sans doute ce qui m’a amenée à peindre mes modèles sous des parapluies : révéler les parties du corps que l’on dissimule habituellement, tout en cachant le visage qui permet d’identifier la personne. Un « anonymat ostentatoire » en quelque sorte.

Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?

 Ma priorité actuelle est d’aménager mon futur atelier, une immense maison dans un petit village de Charente. Alors dans l’immédiat je vais lessiver et peindre des centaines de mètres carrés de murs en blanc, ce qui n’est pas vraiment passionnant…

Mais ces parenthèses, loin d’être des pertes de temps, sont fécondes et constructives, même inconsciemment. Après quelques mois de labeur, je pourrai enfin profiter de la quiétude du lieu pour reprendre mes pinceaux favoris et recouvrer mes couleurs.

Promenade des Anglais, (2020)
Isabel Mahe, France

Que feriez-vous dans la vie si vous n’étiez pas devenue artiste ?

Je l’ignore… Ce serait cruel.

Y a-t-il d’autres artistes présentés sur Singulart dont le travail vous plait ? 

Je suis fan d’Alexandre Barbera-Ivanoff. Je savoure en particulier les portraits expressifs de sa période « Corsaire », trahissant les méandres et les paradoxes de l’âme humaine.

Dans un tout autre style, j’aime bien les paysages d’une chaleureuse naïveté de Nicolai Ostapenco.

Au Château de Laze, (2020)
Isabel Mahe, France

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui débutent ?

 Une façon élémentaire, fondamentale d’évoluer dans son art est de copier les œuvres des maîtres. En toute humilité.

Merci beaucoup Isabel ! Parcourez son portfolio sur SINGULART ici.