À la une  •  Femmes d'art

5 femmes influentes dans le monde de l’art

Les femmes demeurent encore aujourd’hui une minorité dans le monde de l’art. Alors que les femmes artistes représentent 60% des effectifs des écoles d’art, seulement 25% des expositions de la Tate Modern présentent des œuvres de femmes artistes, et cette statistique chute à 7% pour le MoMA. Il faut se rendre à l’évidence : en art comme dans la société, le travail des femmes est invisibilisé. Pourquoi un tel constat ? D’abord parce que le monde professionnel de l’art est encore aujourd’hui dirigé par des hommes, qui prennent la direction des musées, des expositions ou des ventes, limitant ainsi la progression professionnelle des femmes dans le milieu. Ensuite parce que le travail des femmes dans le monde de l’art n’est pas apprécié à sa juste valeur et mis en avant par les institutions artistiques. 

Le combat pour la parité dans le monde de l’art est un enjeu majeur pour l’art. Il faut réécrire l’histoire de l’art et réinventer ses institutions, en mettant en lumière le travail de femmes artistes et protagonistes du monde de l’art. Aujourd’hui, des collectionneuses, directrices de musées ou encore curatrices mobilisent leurs forces pour faire bouger les lignes et soutenir les initiatives des femmes dans le milieu. 

Les opportunités se multiplient pour accélérer la reconnaissance des femmes dans le monde de l’art et visibiliser leur travail. Singulart vous propose de découvrir à travers cet article le parcours de 5 femmes du monde entier qui révolutionnent le monde de l’art aujourd’hui. 

Casanova (2013) – Katia Weyher

1. Camille Morineau, France

Camille Morineau est une commissaire d’exposition, conservatrice de patrimoine et directrice artistique. Ayant dirigé les collections et expositions de la Monnaie de Paris avant de rejoindre le Centre Georges-Pompidou, Camille Morineau enseigne aussi à L’Ecole du Louvre et rejoint son conseil d’administration en tant que présidente en novembre 2020. Sa mission ? Replacer les artistes femmes au même plan que leurs homologues masculins. Elle fait entrer des oeuvres d’artistes femmes dans les collections du Pompidou avec la collection elles@centrepompidou présentant les 350 oeuvres de femmes artistes de 2009 à 2011.

Camille Morineau – Crédits: Christophe Beauregard / Les Echos

Puis, elle fonde l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions) en 2014. Avec AWARE, Morineau souhaite réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire en offrant une plateforme documentaire, organisant des tables rondes en France et à l’étranger ainsi que des remises de prix. 

2. Claire Hsu, Hong Kong

Claire Hsu – Crédits : Dave Choi – West Kowloon

Claire Hsu est l’une des femmes les plus influentes du marché de l’art asiatique. Elle est aujourd’hui la directrice de Asia Art Archive, une organisation indépendante à but non lucratif afin de documenter et collectionner l’art asiatique. Elle cofonde l’association à Hong Kong en 2000 à l’âge de 24 ans avec le curateur Johnson Chang. Avec son projet “Mapping Asia”, Claire cherche à inclure l’art asiatique et sa diversité dans la scène artistique contemporaine.

La place de la femme dans l’histoire de l’art fait notamment partie des recherches de l’association, afin de pouvoir partager une histoire de l’art complète, diverse et paritaire. Elle édite les journaux digitaux de l’association tout en étant invitée aux plus grandes tables rondes du monde entier. Membre du Forum Économique Mondial sur la place de l’art dans la société, elle fut notamment reconnue comme Young Global Leader par le Forum en 2013.

3. Thelma Golden, Etats-Unis

Directrice de la programmation du Harlem Studio Museum avant d’y devenir la directrice et conservatrice en chef du Harlem Museum depuis 2005, Thelma Golden fut la première curatrice noire travaillant au Whitney Museum of American Art en 1988 à la sortie de ses études. Au Whitney Museum, elle présente son exposition : “The Black Male: Representations of Masculinity in Contemporary American Art” en 1994, questionnant l’intersection entre le genre et la couleur de peau. Cette exposition lui vaudra une réputation de grande curatrice engagée et une reconnaissance internationale.

Thelma Golden – Crédits: Fondation Louis Vuitton / Farida Brechemier

Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des personnes les plus influentes du monde de l’art contemporain (d’après Art Review’s Power 100). À travers son travail, Golden met en avant des artistes émergents du monde entier tout en soutenant la communauté artistique afro-américaine. En 2012, son TedTalk expliquant comment l’art est à l’origine des changements culturels a fait des milliers de vues. C’est notamment grâce à Thelma Golden que le monde de l’art se diversifie et évolue un peu plus chaque année.

4. Touria El Glaoui, Londres

Touria El Glaoui est une entrepreneure franco-marocaine et londonienne. Elle commence une carrière dans le secteur de la finance à New York avant de suivre sa volonté de faire connaître l’art africain au niveau international, restant jusqu’ici peu représenté. Touria devient la fondatrice de la foire d’art contemporain africain 1-54 en 2013. La foire se déroule à la Somerset House de Londres en 2013, avant de s’étendre à New York, Marrakech et Paris les années suivantes.

Touria El Glaoui – Crédits: La Tribune de Marrakech

Le 1-54 est à présent la plateforme mondiale de référence dédiée à l’art contemporain d’Afrique et de ses diasporas. Membre du conseil consultatif de Christie’s Education à Londres, Touria est intervenue lors de nombreuses rencontres au sujet de l’art contemporain africain et au leadership féminin dans des lieux de références internationales. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des 100 femmes les plus influentes dans le monde de l’art par le magazine Forbes.

5.  Sheikha al Mayassa, Qatar

Princesse du Qatar et surnommée la culture queen par les médias anglo-saxons, Sheikha al Mayassa, grande spécialiste de l’art, est l’une des femmes mécènes les plus influentes du monde de l’art et de la culture. Son père, l’ex-émir du Qatar, la nomme à la tête de l’autorité de musées du Qatar en 2005 alors qu’elle est encore étudiante. Sheikha Al Mayassa utilise l’histoire enrichissante de son pays et sa notoriété pour encourager l’éducation de chacun ainsi que les discussions interculturelles. L’un de ses plus grands projets est le Musée de l’Art Islamique, une institution préservant l’art islamique tout en documentant sa diversité.

Sheikha al-Mayassa – Crédits: Natalie Naccache for The New York Times

Sheikha al Mayassa souhaite en faire le lieu de référence de l’art et la culture islamique, trop souvent simplifiés par la scène internationale à son goût. Parallèlement, sa mission est d’encourager la diversité et l’inégalité des chances, elle est la directrice de Reach Out to Asia : une association cherchant à offrir l’accès à l’éducation aux populations asiatiques, quel que soit leur âge, genre ou milieu social. Son influence dans le monde de l’art est aujourd’hui incontestable.