Artistes

5 minutes avec Nicolas Ruelle

Nicolas Ruelle

À travers ses toiles, Nicolas Ruelle cherche à créer une rencontre entre le réel et l’imaginaire, la nature et l’intime, tout en questionnant le désir humain d’utopie. Les paysages abstraits de l’artiste français expriment un «souffle lyrique» et donnent corps à ses visions musicales par le mouvement, le rythme, l’espace et la lumière. Dans ses peintures, la couleur crée la forme. Ruelle commence son processus de création en sculptant sur la toile à l’aide d’un couteau et d’une spatule, suivi d’un pinceau à l’acrylique sur lin.

Dans cette interview Nicolas Ruelle nous en dit plus sur sa démarche artistique et ses sources d’inspiration.

Quand avez-vous choisi de devenir artiste ?

Je ne crois pas qu’on choisit de devenir artiste. Pour ma part, j’ai l’impression que je ne me suis jamais vraiment éloigné du terrain de jeu qu’est l’enfance. Explorer, imaginer, créer a toujours été pour moi essentiel, quel que soit le domaine. C’est un jardin secret que j’entretiens depuis toujours et que je n’ai jamais abandonné. J’ai commencé par la musique en devenant compositeur pour la télévision et la peinture s’est trouvée un jour sur mon chemin. Il m’a semblé naturel de peindre.

Avec évidence et sans rupture, elle a prolongé mes recherches sur le rythme, les tonalités, les couleurs en musique. Après, la question est de pouvoir vivre de son art. J’ai eu la chance que des galeries me fassent confiance assez vite. Les choses se sont donc enchaînées assez naturellement et je n’ai pas eu à réfléchir à la question de devenir artiste. J’ai par contre toujours réalisé la chance que j’avais de pouvoir m’exprimer.

Pouvez-vous nous parler de vos influences artistiques et des autres artistes qui vous inspirent ?

J’aime le lyrisme de la peinture de Zao Wou-Ki et la lumière de Turner. Mon Graal serait d’associer ces deux qualités dans une œuvre. Fort heureusement, c’est inatteignable et le plaisir de la quête est toujours renouvelé ! Mais mes influences ne viennent pas nécessairement que de la peinture. J’aime le spectacle vivant, le cinéma, la musique. Quand j’écoute Debussy ou Ravel, j’imagine des tableaux vivants.

Certaines musiques m’influencent d’ailleurs directement, de par leur rythme ou en réagissant simultanément à leur intensité quand je les écoute en peignant. C’est une vibration, une onde qui se propage dans le corps et les gestes jusqu’à la toile.

Around the world, 2021
Nicolas Ruelle, France

De toute façon, l’émotion procurée par l’œuvre des autres est toujours une source d’énergie formidable. L’année dernière, je me suis mis au défi d’arriver à jouer au piano «Une Barque sur l’Océan» de Maurice Ravel. Pendant les mois d’apprentissage de ces dix-sept pages de musique, dont la difficulté m’a demandé beaucoup de travail, j’ai été totalement obsédé et imprégné par cette œuvre. Avec le recul, je sais aujourd’hui qu’ «Une Barque sur l’Océan» a considérablement influencé ma peinture et que cette musique ne me quittait jamais vraiment quand j’étais au travail dans l’atelier.

Préférez-vous travailler seul ou en collaboration avec d’autres artistes? 

Je préfère travailler seul. La peinture est pour moi un chemin solitaire. Elle me permet d’aller à l’intérieur de moi-même. Dans ces moments, il n’y a plus que cet imaginaire qui s’élabore sous mes yeux et par mes mains et j’y trouve une forme de paix qui me met en harmonie avec le monde. Mais je n’exclus pas les collaborations à partir du moment où chacun peut aller au bout de son expression.

Je fais donc une exception avec Ludovic Mercher, artiste également chez Singulart. Sa peinture ne ressemble à aucune autre et ses visions sont tellement personnelles qu’elles ne peuvent qu’enrichir les miennes. Nos univers sont très différents mais complémentaires et c’est très amusant de constater que, malgré la différence de nos styles, cela fonctionne parfaitement !

Awakening, 2021
Nicolas Ruelle, France

Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?

Je travaille justement en ce moment sur une série de toiles avec Ludovic Mercher. Ses figures géométriques explorent mes paysages abstraits. Ils en proposent une relecture en les recadrant ou en les prolongeant, dans la profondeur de champ ou en dehors de l’espace-même de la toile. Nous réfléchissons ensemble pour trouver le juste équilibre mais chacun a une partie bien précise à travailler. C’est passionnant ! Je compose aussi parfois des musiques en rapport avec mes peintures, et inversement je peins en m’inspirant d’une musique composée. Je poursuis cette recherche et aimerais la proposer en créant des interactions : à une peinture correspondrait une musique à écouter. Cela reste à développer en tant que dispositif.

Que feriez-vous dans la vie si vous n’étiez pas devenu artiste ?

Je pense que j’aurais exercé dans un domaine en rapport avec la nature. Paysagiste, par exemple. Un domaine où j’aurais pu quand même exprimer ma sensibilité artistique. J’aurais eu de toute façon la nécessité d’être à l’extérieur, chose que je n’ai pas besoin de faire en peignant car chaque toile est une fenêtre par laquelle je m’évade.

Y a-t-il d’autres artistes présentés sur Singulart dont le travail vous plait ? 

J’aime beaucoup la sélection d’artistes qui travaillent en abstrait chez Singulart (Gina Parr, Cheikh Zidor, Carole Kohler, Sylvia Galos, Kastro, Babs, Taron Marukyan, etc.) Je trouve qu’elle est de grande qualité.

Inner world, 2021
Nicolas Ruelle, France

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui débutent ?

Travailler sans se soucier du jugement d’autrui. Ignorer le bien, le mal, le beau ou le laid pour aller chercher le vrai au fond de soi. On peut améliorer sa technique mais jamais dénigrer son expression lorsque celle-ci est sincère. Quels que soient les premiers résultats, seul doit compter le plaisir de peindre pour avancer. Cette énergie-là est irremplaçable.

Merci beaucoup Nicolas. Parcourez son portfolio sur SINGULART ici.